Eh, ça sent pas l'crâmé ?

Je regarde l'homme se dressant face à moi et ne dit rien juste un signe de tête lui montrant qu'on le suit. Il nous guide pendant quelques minutes dans sa villa plus que correcte, me faisant penser que mon appart est vraiment en sale état comparé à sa demeure luxueuse.

Pendant le chemin nous menant à la salle de contrôle des caméras il nous explique la vie de son voisin qu'il n'apprécie pas apparemment. Ce gars là malgrès une certaine gentillesse se lisant sur les traits de son visage n'avait vraiment pas l'air d'apprécier son voisin.

Nous regardons les enregistrements vidéos qui ne donnent rien et le gars nous explique son litige avec Mr Taylor au sujet de caméras ne devant pas donné sur son jardin et sa villa. Putain de merde, rien ne va dans cette affaire. Je demande au dirigeant de la salle de contrôle de repasser les enregistrements et nous voyons rien d'intéressant, les haies de Taylor nous cachant beaucoup de chose. Je suis pourtant sur et certain que c'est une intrusion extérieure, mais ça me confirme que le gars qui a fait ça est pas une merde...

Je lance un regard à mon coéquipier, on ne tirera rien de ces enregistrements et la voie des caméras est à exclure maintenant. Il nous reste encore le légiste à voir...c'est pratiquement notre dernière chance de trouver un indice sur l'assassin. On peut intérroger un petit peu Barton mais je sens qu'il est plus en train à insulter son putain de voisin qu'a répondre à nos putains de question. Sa y est...je commence à m'énerver...non...calme toi il faut pas que tu dérape...calme...

J'inspire un bon cou, et j'écoute le gros dans son peignoir parler d'indice pour coffrer Mr Taylor. Putain j'ai envie de lui foutre mon poing sur la gueule, il a pas compris que celui qu'on veut coffrer et l'assassin qui a orchestré tout ça et non pas ce putain de bourge dont je me fous complétement !

Une deuxiéme inspiration et je dis le plus calmement possible au gros:

-Excusez-nous...on doit parler mon collègue et moi...

Le type ne dit rien et il vaut mieux pour lui. Moi et Mike sortons de la piéce et je me cale contre le mur en face de la porte de la salle vidéo. Mon regard se plante dans ses yeux et je dis:

-Encore une piste à effacer, il ne nous reste plus que la visite au légiste qui pourrait donner quelque chose et j'en doute encore. Le gars qui a fait ça est soit un putain de chanceux, soit un putain de pro. On peut encore faire des recherches approfondies sur le passé de Taylor pour voir qui aurait voulu le buté mais en comptant son voisin, ses employés et les autres on est foutu de ce côté là aussi...

Je soupire, je ne suis pas découragé mais juste énervé. Il faut que je calme si je ne veux pas tout casser dans cette putain de baraque. J'arrive à mieux contrôler mes crises mais il ne faut pas pousser le bouchon trop loin. Je décolle ma Santiag du mur et me redresse, disant à Mike:

-Ecoute à toi de voir, si tu veux on peut l'intérroger mais il est plus obstiné à faire condamné son voisin que de nous aider si tu veux mon avis. A toi de voir, on peut aussi aller voir le légiste. Alors, t'en penses-quoi ?

Cette discussion me calme un peu, car il y a quelques secondes j'était prêt à en coller une à Barton. Je ne sais pas si le légiste aura quelque chose de "bon" sur cette affaire. On peut aller interroger l'autre connard, voir le légiste et éplucher toutes les infos sur ce Taylor. Perso je m'en fous, à Mike de voir ce qu'il veut faire...

L'homme sembla légèrement déçu. Son sincère empressement à aider la police ne fut certes pas couronné de succès. Il soupira d'une manière lasse puis reconduit les deux policiers à sa porte. Il les regarda lorsque vint le moment des salutations d'usage, il ne put s'empêcher de leur donner un conseil:

" Méfiez-vous, les victimes ne sont pas forcément les innocents dans cette affaire. "

Puis il claqua brutalement la porte en homme déçu. Sa bonhommie lui faisait détester toute injustice mais son sens de la justice lui faisait secrètement se réjouir de l'incendie.

Mike prend les choses en main pour les salutations d'usage à ce Mr Barton. Je me suis calmer et la moutarde est un peu descendue. Je rentre à mon tour dans la piéce de video-surveillance et serre la main avec une poigne ferme à Mr Barton et adresse un simple signe de tête à l'autre gars toujours planté devant ces écrans. Nous sortons et je suis Mike jusqu'a arriver dehors, face à la porte de la villa.

Immédiatement je sort mon paquet de clope de mon jean et en tire une avec les dents de mon paquet. Un claquement de Zippo et le tour est joué. Je tire une bonne taffe sur la clope, la gardant coincée entre mes deux lèvre, je dis à Mike:

-Si tu en veux...

Je lui tend une clope puis à ce moment là Barton sort de la maison pour nous dire que les victimes ne sont pas forcément les innocents dans cette affaire puis il claque la porte violemment, apparemment dégouté de ne pas avoir pû plus aider la police, ou d'enfoncer son voisin je ne sais pas. Un rictus se dessine sur mon visage et je dis à mon collègue:

-Bon ce connard m'a bien fait chier...Si on allait se prendre un verre ?

Mike affiche un sourire et cela me montre que sa réponse est positive. Je sort de la villa par le portail toujours ouvert et j'aperçois Mike qui se dirige vers sa voiture de flic. Je rigole et dit:

-Putain monte pas dans cette poubelle, vient j'temméne !

J'appuie sur la télécommande de ma BMW qui se déverouille et je pose mon cul sur le siége en cuir de la caisse, fermant ma porte au passage. Pendant que Mike s'asseoit lui aussi sur son siége passager, je met le contact, le moteur vrombrissant dans toute la rue. J'appuie quelques fois sur la pédale d'accélèrateur, et dit à Mike:

-Je connais un bar dans le Downtown, paraît qu'il est pas mal...

Une grande boufée de nicotine, et j'accélère faisant un gros vacarme dans la rue de bourge, me dirigeant rapidement vers le Bar dont on m'a parler. Il paraît que le Coconut Palm est pas mal, mais il paraît que c'est un endroit louche tenu par un certain O'Sullivan, un gars pas net. Si on veut parler de l'affaire vaut mieux aller dans un endroit au calme...

Dehors, Nikolaï lui tendit une clope, mais Mike n'eut pas le temps de répondre que le gentil voisin fasaiit une remarque fort désobligeante. Quoi répondre? De toute façon le gars avait déjà vivement refermé la porte. "Pas commode la framboise..."

Mike regarde son collègue, un rien dubitatif. Mais vrai, il était clair qu'ils enquêteraient sur le passé de tous les protagonistes connus. C'est qu'ils n'avaient guère plus que ça à faire vu le peu de preuves exploitables sur place.

Et Nikolaï eut alors l'idée du siècle! Rien de tel que d'écumer les bars pour se vider un peu la tête. De toute façon, l'affaire pouvait bien patienter jusqu'au lendemain, ça n'allait pas brûler deux fois... A cette pensée, Mike s'auto-engueula. Arf! Avec leur poisse du jour, ils étaient fichus de devoir rappliquer en quatrième vitesse dans ce sordide quartier de parano en puissance.

Bref, Mike allait récupérer sa rolls noire et blanche à gyrophare, quand son collègue l'interpella, limite mort de rire. Ni une ni deux, il tira les clefs de sa poche, et les balança au premier flic en uniforme à portée avec un petit clin d'oeil. Il était temps, tout le monde fichait le camp. Un peu plus et il aurait dû la ramener!

Le flic rejoignit donc son collègue. Vrai que la BM' était quand même plus confortable. A la façon dont démarra la voiture, Mike eut un sourire amusé. Bonne idée de mettre un peu plus le souk dans ce quartier de coincés. Quelle moralité ces flics, ça aurait presque fait peur!

Démontage en règle du Coconut Palm ?!

Arrivée aux Sunrise Mounds, je ne peux m'empêcher de constater l'insalubrité crasse qu'a causée cet incendie. Pas croyable le micmac créé en quelques minutes. Les lignes jaunes m'accueillent ou plutôt dressent le périmètre du mur contre lequel j'attends le peloton d'exécution. Je me présente à l'entrée et un officier vient m'accueillir fort poliment. Peut-être les aspects du charme féminin, qui sait. Mais je n'aime pas en jouer. D'autres préfèrent les dessous de table, mieux vaut le mérite dû à sa compétence. Sans même me demander mon identité, il approche et se présente :

- Officier Getzeihm, si je puis vous être utile à quoi que ce soit, n'hésitez pas ... Deux de vos collègues sont déjà passés ici et sont repartis bredouilles à ce qu'il m'a semblé. Messieurs Ianveski et Woodward. "

- Lieutenant Hatsen, police criminelle. Je vous serai reconnaissante si vous pouviez m'indiquer quoi que ce soit d'intéressant et me faire une visite guidée des lieux.

Un sourire sincère ponctue ma demande à peine articulée de ma voix ténue. L'homme m'accueille avec un sourire également. C'est un merdier, et on ne s'en sortira qu'en se serrant les coudes. Il me fait pénétrer à l'intérieur du carnage et me montre tout ce qu'il y a à voir.

" Comme je le disais à vos collègues, celui qui a fait a été franchement mauvais. Trois morts, l'unique survivant est à l'hôpital, probablement dans le coma. C'est le chef de l'équipe d'intervention qui l'a récupéré dans la cuisine, façon torche vivante et il a dû plonger avec dans la piscine pour l'éteindre. L'explosion a eu lieu juste après. On n'a pas encore eu le temps de faire des autopsies détaillées des cadavres. Il vous faudra contacter le légiste. La scène finale s'est sans doute déroulée ici, dans la cuisine. Le gaz a fui et l'explosion de la cuve a embrasé toute la maison. L'ordinateur domestique est foutu, même pas la peine de tenter d'en extraire les dossiers du disque dur. "

Je n'écoutais qu'à moitié ce qu'il me disait, tout autant concentrée sur ses paroles que sur mon environnement. La villa était ruinée: les circuits ont probablement tous fondus et de la cuve, il ne reste qu'un trou béant. Première constatation: le four et la gazinière étaient allumés au moment des faits. Ce qui veut dire que le souci du professionnalisme n'a été poussé que jusqu'à un certain point. La violence de la scène fait penser à une vendetta, du genre une vendetta personnelle. Il faudra que je confirme ma piste par l'étude des blessures que me donnera le légiste. Pour le moment, j'ai une question : pourquoi ?
Pourquoi avoir tué les trois gardes du corps mais avoir laissé le patron en vie ? Surtout que dans l'explosion, il y a fort à parier qu'il ait pu voir l'assassin...

" Comme je l'ai dit à vos collègues: aucune empreinte ni sur la serrure fracturée, ni sur le corps du chien. Enfin, sur les presque deux parties du corps du chien. Mademoiselle, vous me suivez ? "

Il me rappelle à la réalité alors que j'étais plongée dans mes réflexions. Toute peur m'a quittée. Mon enquête m'occupe tout l'esprit et je me sens dans cette maison calcinée comme dans mon élément. Il s'agira bientôt de tirer la vérité de ce qui s'est passé ici. Je regarde le visage du policier:

" Qui habitait ici ? "

Ainsi, j'appris qu'il s'agissait d'un certain Thomas Taylor, patron d'une entreprise ayant fait fortune dans la communication et ex-membre éminent du lobby catholique qui fut très puissant à Depra au temps de l'ancien maire. Intéressant donc. La question obsédante me revient: pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Oui, pourquoi quelqu'un en aurait-il voulu à Thomas Taylor au point de lui infliger une telle correction ? Qui aurait eu intérêt au déclenchement de cette vendetta ? Pour coincer le professionnel du carton qui a fait littéralement sauter cette villa, il me faut me renseigner sur ce Thomas Taylor.
Je remercie le policier et sors de la maison, encore plongée dans mes réflexions.

Une patrouilleuse lassée seule sur le côté attire mon attention. Une bagnole de flics seule, c'est pas très commun à Depra. Le matériel coûte suffisamment cher pour ne pas être gaspillé. Le policier me renseigne sur le fait que Ianveski raccompagne Woodward et qu'ils avaient plutôt l'air boute-en-train au moment de leur départ. Pas étonnant que les criminels aient de si beaux jours devant eux. Je réfléchis. La maison du voisin, de Monsieur Barton à en croire l'officier Getzeihm, est encore allumée et il me semble que le propriétaire n'a pas encore envie d'aller finir sa nuit même si le jour a pointé le bout de ses rayons. En bref, ça peut peut-être m'aider à cerner le "pourquoi" et les ennemis potentiels de Monsieur Thomas Taylor.
Je m'approche de la maison.
Après, quelques instants, la porte s'ouvre. Je promenais mon regard sur les plates-bandes de fleurs sauvagement ravagées par le souffle de l'explosion lorsque mes yeux croisent ceux de Barton. Un quinquagénaire assez corpulent mais respirant la sympathie. Cependant, je sentais que quelque chose le courrouçait. Il ne m'a pas laissé le temps de me présenter que déjà, il prend la parole:

" Vous venez au sujet de Thomas Taylor, n'est-ce pas ? Vous voulez également constater qu'il n'y a rien à voir sur mes vidéos de surveillance, c'est cela ? Si c'est le cas, vos collègues s'en sont déjà chargé. "

Je ne peux m'empêcher de baisser doucement la tête et de sourire. Il vient de me donner la description parfaite que je me faisais de Ianveski et de Woodward: deux types pétris de bonne volonté, mais pas capables de se concentrer totalement sur une affaire et de voir plus loin que le bout de leur nez.

" Ne vous inquiétez pas, Monsieur Barton. Je suis le lieutenant Hatsen, police criminelle de Depra City. Je viens vous poser quelques questions au sujet de Monsieur Taylor...
Vous permettez que j'entre ? "

Ma phrase avait l'air de lui avoir ôté tous ses moyens. Il me laissa entrer et me guida jusqu'à la salle de contrôle des caméras. En chemin, il prit les devants et m'expliqua un fait étrange pour une Community: son voisin avait exigé que les caméras de Monsieur Barton ne puissent pas voir ce qui se passait dans son jardin. Nous regardâmes trois fois les vidéos, sans aucun résultat.

Monsieur Barton me conduisit à la cuisine où je fis connaissance avec son chat. Un mignon petit animal qui adorait les visiteurs apparemment. Je m'assis pour boire un café, le chat sur la chaise attenante ne me quitta pas du regard. En préparant le café, Monsieur Barton me dit qu'il aimerait bien que cette affaire tournât au détriment de la "victime", loin d'être "innocente" selon lui. La petite voix résonna à nouveau dans ma tête. Une autre voix me susurra qu'à trop chercher le "pourquoi", je risquai de perdre de vue l'enjeu principal de mon enquête: la découverte de l'assassin. Je la fis taire mentalement et, respirant profondément, je demandai à Barton :

" Pourquoi en aurait-on voulu à Monsieur Taylor ? Vous-même, vous ne l'appréciez pas et vous semblez être un peu trop enthousiaste à l'idée de le compromettre. Pourquoi ? "

Monsieur Barton se figea légèrement. J'eus peur de l'avoir braqué mais fort heureusement, un sourire éclaira son visage et il vint s'asseoir en face de moi. Je goûtai un café délectable, signe que Monsieur Barton aimait les bonnes choses jusqu'au bout et ne se négligeait en aucun point. J'appréhendais sa réponse.

Monsieur Barton avait l'air satisfait de pouvoir apporter son aide à une fliquette scrupuleuse. Il s'assit sur la chaise en face d'elle, enveloppa sa tasse de café entre ses mains et regarda le lieutenant Hatsen droit dans les yeux. Il prit une profonde inspiration, sembla ravaler toute sa verve contre son voisin puis dit d'une voix calme et posée:

" Monsieur Taylor a fait fortune très rapidement dans la communication mais il était paranoïaque. Trop parano pour quelqu'un d'honnête. A son arrivée ici, il y a dix ou quinze ans, il a expressément ordonné le respect strict de son aire de domicile. Il a mené des enquêtes chez chacun d'entre nous pour vérifier que nos caméras n'empiétaient pas sur son territoire. "

Des querelles de voisinage qui seraient à l'origine d'une telle haine ? D'accord que dans les petits "villages" comme les Gated Communities, il n'y ait des rivalités de bonne femme, mais quand même ... Ce fut la suite des propos de Monsieur Barton qui éclaira un peu l'opinion de Rebecca Hatsen:

" Surtout, il appartenait à un lobby catholique très actif et très virulent. Nous avons reçu plusieurs fois des tracts incitant au soutien financier de son mouvement. De temps en temps, on le voyait organiser des réunions plutôt virulentes où les thèses extrémistes catholiques se mêlaient à des théories sur l'eugénisme. Bref, c'était pas joli, joli ... Et en voyant ses gardes du corps, on n'avait pas tellement envie de s'approcher de trop. De vraies brutes, ces hommes-là. Plutôt évadés de prisons qu'agents de sécurité. On ne les connaissait d'ailleurs pas personnellement au contraire de l'usage dans les Sunrise Mounds. Et c'était l'aspect extrémiste de Monsieur Taylor qui m'fait penser qu'il était pas forcément net dans ses activités. Mais ça reste des soupçons et je n'en sais pas plus. "

Monsieur Barton se tut après sa longue tirade et regarda Rebecca qui semblait plongée dans ses réflexions. Il but quelques gorgées de café et fit semblant de regarder par la fenêtre.

Ce qui est agréable avec ces gens, c'est qu'une simple querelle de voisinage permet à l'enquête de prendre une toute autre ampleur. Quand je croyais que le comportement de mes camarades, toutes plus portées les unes que les autres sur les ragots et les potins, était un truc enfantin qui passerait avec l'âge ... Je dois avouer que je m'étais lourdement trompé. Mais là, la discussion tend à confirmer certains de mes soupçons. Je pensais bien que ce ... Taylor n'était pas de la toute première innocence, mais jamais je n'ai pensé que cela eût pu aller jusqu'à là. Je regardais à nouveau Monsieur Barton, une pointe de gratitude perça dans mon regard.

" Je vous remercie bien pour votre aide précieuse, Monsieur Barton. "

Le remerciement était sincère. Il m'a permis de bien avancer dans mon enquête. Mais cette petite voix continue à me tancer vertement: De quelle enquête s'agit-il ? De la tentative d'assassinat sur Monsieur Taylor ou de la condamnation des actes passés de ce même homme ? Qu'importe, ... J'ai le sentiment que les deux aspects de l'enquête se recouperont un jour ou l'autre. Cette pensée me fait sourire. Je relève mes yeux vers l'homme bedonnant et sympathique

" Je vais maintenant prendre congé. Le café était délicieux. "

Je me relève avec un signe de tête de gratitude et me dirige vers la sortie. Mes pas martèlent le carrelage propre et lisse. Au moment de sortir du domicile de Monsieur Barton, j'ai comme une espèce de petit douce insidieux qui fait légèrement frémir mes muscles. Je me retourne doucement et sors mon petit carnet. Je regarde mes notes puis lève le regard vers le propriétaire de céans.

" Oh, juste une dernière question. Je ne vous dérangerai pas longtemps, ne vous en faites pas. Vous parlez de lobby catholique et de manifestation virulente ... Vous pouvez me dire où joindre ces ... personnes ? "

Le regard de Monsieur Taylor trahit un préjugé vieux de plusieurs siècles. Eh oui, mon petit Monsieur, même une femme peut faire des actions dangereuses ... Si je me suis engagée dans la police, ce n'est pas pour rester derrière un bureau. Pour le moment, pas besoin de lui dire de prendre un avocat et de venir témoigner, ce n'est après tout ... qu'une question.

Le regard du monsieur avait changé pour se teinter d'une petite once de peur. Il sourit pauvrement à la fliquette et se contenta de répondre d'une voix somme toute assez faible, une voix de conspirateur:

" Croyez bien que je n'ai jamais cherché à le savoir. Passez une bonne journée. Je crois que vous avez à faire maintenant. "

Il salua poliment puis rentra chez lui. Un brave homme certes, courageux mais pas téméraire mais un brave homme, et serviable de surcroît.

Effectivement, j'ai à faire, monsieur Barton. Et vous m'avez bien aidé à progresser dans ma tâche. Il sera maintenant d'aller faire un saut chez le légiste. Le jour s'est levé depuis pas mal de temps et je suis restée là plus longtemps que je ne l'aurais voulu. Je regarde les patrouilleuses sur le départ. Mon Dieu, il fallait que ça tombe sur moi. Je suis lieutenant et je me déplace encore en patrouilleuse. Du moins, ça m'évite de dépenser mon salaire en frais de véhicule. Je passe une dernière fois dans la villa ravagée pour constater qu'il n'y a absolument rien de nouveau dans ce foutoir. Cela me conforte dans l'idée que le bonhomme qui a fait ça est un professionnel du carton. Si c'est quelqu'un de l'intérieur de la maison, il n'a pas eu trop de mal. Si c'est quelqu'un de l'extérieur ... Ce serait le genre de bonhomme à pouvoir entrer chez Bill Gates et à lui voler le matelas sur lequel il dormait. En bref, je vais saluer les officiers pour leur indiquer mon départ. Je reçois un message du commissaire :

Citation :

Lieutenant Hatsen.

Vous prendrez en charge les inspecteurs Nikolai Ianveski et Mike Woodward pour l'enquête sur l'incendie de la villa de Thomas Taylor. Ils ont rendez-vous avec vous chez le médecin légiste.

Eh bien, me voila réduite à jouer les nounous. C'est l'occasion de briller ou de faire briller les deux inspecteurs ou l'équipe que nous formerons pour cette "enquête" qui nous dépasse tous. Mettre deux inspecteurs et un lieutenant sur le même carreau ... C'est que le commissaire ne doit absolument pas avoir confiance. Je vais lui prouver le contraire.
A cette heure-ci, le légiste est déjà à l'Hôpital. On va aller lui rendre une petite visite.