379 Jackson Drive

En haut à gauche la chambre, 2, plus bas le hall d'entrée, 2 , puis à droite du hall le salon, 2, 3, en haut à droite la cuisine, 2 et enfin au milieu en haut la sdb, 2 et les toilettes.

Cheeeese !
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Il est six heures et demi passées quand je rentre de mon boulot. J'ai quitté relativement tôt aujourd'hui mais ce fut une petite journée, les clients préfèrant rester bien au chaud chez eux, avec leur famille plutôt que de négocier des contrats.

En plus je dois couver quelque chose car je ne me sens vraiment pas dans mon état normal. Pourtant aucun signe de fièvre, pas de nez qui coule, aucun symptôme de grippe, maladie la plus répandue en plein hiver. J'ai juste la gorge sèche, les yeux qui piquent, sûrement la fatigue.
Ou alors ce sentiment qui me prend aux trippes chaque Noël depuis plus de trois ans, ce sentiment d'impuissance, la rage qui monte et l'envie de me défouler sur tout ce qui marche ou rampe. Depuis que Vargas m'a prit ma fille, mon mari et a détruit ma vie...
Ou alors c'est juste la fatigue...

Je me dirige vers la TV, l'allume et voit vaguement passer quelques images, il y a apparemment eu du grabuge aux Docks. Au moins ces crimes là je n'en suis pas responsable.

Je crois que je vais vomir. J'arrive aux toilettes, l'envie est passée, juste la fatigue n'est-ce pas ?
Ou bien un truc pas net que mon dernier "amant-contrat" m'aurait refilé.
J'avoue, pour une fois je ne suis pas tombée dans ses bras, juste pour me saoûler, j'ai fais ça plus subtilement, jouant avec sa confiance et ensuite, je l'ai refroidie. Ca pour être chaud-bouillant il l'était, mais ça n'est pas allé bien loin.

Je reviens au salon, j'éteins la TV et m'allonge sur le canapé, il est bien trop tôt pour dormir, si j'arrivais seulement à trouver le sommeil, mais un peu de repos, là, tout de suite ne me ferait pas de mal.

Une sirène se fait entendre au loin et ça me tire de mon sommeil léger. Depuis un moment, j'ai appris à ne pas sursauter au moindre girophare, je sais qu'ici il y a peu de chance que quelqu'un m'identifie mais la bagnole fait un tel boucan que j'ai l'impression qu'elle passe juste en dessous de mon immeuble.

Je me lève péniblement, je suis un peu groggy mais je n'ai pas du somnoler bien longtemps. Je regarde ma montre, presque huit heures, je n'aurais pas cru que le temps passerait aussi vite.
En tous cas, je n'ai plus le sentiment d'être malade, ça m'a fait du bien de fermer l'oeil.

Je me dirige vers la salle de bain pour me rafraîchier un peu et me change rapidement. J'ai envie de sortir, prendre l'air et peut-être aussi un verre ou deux, histoire de me détendre. D'ailleurs je connais l'endroit parfait pour ça.

Le Tangiers > Le Resto-Bar

Old Town > Le Coconut Palm > La salle de danse

On marche dans la nuit glaciale et enneigée mais je bouillone trop pour ressentir le froid. Je déteste ne pas avoir la situation sous contrôle et là pourtant, à cause de l'amnésie de John, j'ai le sentiment qu'elle m'échappe.

J'essaie de savoir quelle serait la meilleure façon de lui demander des précisions sur ce qui s'est passé dans la boîte de nuit. Peut-être amener la discussion sur ce terrain glissant histoire de faire ça en douceur ? Ou alors y aller cash, après tout, je n'ai rien à perdre... enfin presque !
Ah Sam tu t'embrouilles encore...

"- Maintenant que l'on est loin de la foule, pourrais-je savoir ce qui vous est arrivé au Coconut Palm ?"

Je ne sais pas si c'est bien judicieux de mettre les pieds dans le plat de cette façon. Mais d'un autre côté ça commence à devenir agaçant de ne rien savoir sur lui et du coup de devoir en dévoiler toujours plus sur moi rien que pour entretenir un semblant de conversation.

Je dois dire que ma veste en cuir n'est pas vraiment suffisante pour cette soirée, il fait maintenant très froid, et j'ai du mal à ne pas trembler. Je crois que la seule chose qui m'en empêche reste la jeune femme accrochée à mon bras, j'essaye de donner un semblant de virilité, alors qu'en réalité, je dois au bord de l'hypothermie...
Moi et ma fierté...

Sam Curtis a écrit:: "- Maintenant que l'on est loin de la foule, pourrais-je savoir ce qui vous est arrivé au Coconut Palm ?"

Et moi qui avait bêtement espéré que ça lui sortirait de la tête. Je l'apprécie, c'estvrai que je lui ai demandé de l'aide, mais ce n'est pas pour autant que j'ai envie de tout lui dévoiler... Même si elle me paraît sympathique, qui sait ce qui se cache derrière le voile le mystère...
Pourtant la question est trop clair pour que j'essaye d'y déroger...

Les mots sortent, simples, sans détours. De toute façon, ça ne serait pas la peine de le cacher, elle en sait maintenant largement trop pour me laisser tranquille aussi facilement.
Quelle plaie que la curiosité... Et pourtant il n'y a pas plus tentateur...

-Je me suis souvenu. Mais il me semble que cela me soit interdit. Par quoi? Je n'en sais rien. Quoi qu'il en soit, à peine m'en suis-je souvenu que le mal de tête m'a pris et que le souvenir a à nouveau disparu. Je ne peux pas vous en dire plus, pas parce que je ne le veux pas, mais parce que je ne le peux pas.

Je ne sais pas pourquoi, mais de plus en plus je me rends compte que j'ai honte de cette infirmité. Ce n'en est que plus flagrant en présence d'une personne avec qui j'entretien une conversation. J'ai honte de ne pas pouvoir luidire plus de chose sur moi, de n'avoir pas de passé, pas d'histoire, rien à raconter.

-Excusez-moi de n'avoir rien d'autre à vous dire. Croyez bien que j'en suis le plus frustré de nous deux. Je n'ai pas choisis ce qui m'arrive, du moins je ne le crois pas, et c'est un calvaire pour moi de me réveiller chaque matin et de regarder ce visage dans la glace sans pouvoir a qui il appartient. Je ne suis personne...

Je sens mon sang bouillir alors que la colère se réveille en moi. Pourquoi fallait-il que cela m'arrive à moi? Pourquoi ce sort? Pouquoi ce néant?
Je me confie à cette personne, mais elle, m'a-t-elle seulement raconter quoi que ce soit sur elle? J'ai également des questions, et j'entends qu'elle y réponde...

-J'ai été franc avec vous, je vous ai dit tout ce que je savais, à vous d'être franche... S'il vous plait, arrêtons ce semblant de discussion où nous essayons de fuir chaque question... Voulez-vous?
Qu'est-ce qui vous a réellement amené à Depracity?

Ma voix est ferme, sans être menaçante. Je ne lui laisse plus vraiment le choix, malgré le fait qu'un mensonge convaincant de sa part pourra tout aussi bien passer pour quelque chose de véridique... Je n'ai pas le don de lire les gens... Et même si je l'avait, je doute que je tenterais de lire en elle, ce qui m'interesse, c'est qu'elle se mette un peu à nu, plus en fait que les réponses...

Je l'écoute, au début intéressée, puis de plus en plus désespérée au fil de son histoire. Il ne sait rien de plus, quelque chose bloque sa mémoire. Peut-être, comme je le pense, un choc émotionnel, mais ça peut-être tout autre chose.

Je me demande soudain s'il ira vraiment voir un hypnotiseur et si oui, ce qui qu'il découvrira. Me le dira-t-il ? Il n'aurait aucune raison de le faire, moi même je me méfierai de lui dans d'autres circonstances.

Il finit son récit, un silence s'installe entre nous alors que la neige recommence à tomber. Il recommence à parler et je sens venir la question gênante, enfin surtout pour moi.

"- Si je vous dis que je fuyais quelque chose, est-ce que cela vous suffira ?"

Je me doute bien que non. Mais je ne sais pas bien comment lui dire autre chose sans qu'il soit choqué, ou repoussé par moi.

"- Mon appartement est juste en face, voulez-vous qu'on continue cette conversation au chaud ?"

Je l'ai vu frissonner, il ne manquerait plus qu'il attrape froid...

Elle ne réponds pas à la question de la façon dont je l'entend. Elle rechigne vraiment à le faire, elle aussi souffre d'une sorte de bloquage, sauf que le sien viens d'elle et non de... Eh bien, d'autre chose...

Je comprend alors que nous avons plus de points commun que nous ne voulons nous en donner, notre passé est très important pour nous, pas dans le même sens, mais important tout de même, et tous deux nous avons quelque chose qui nous en sépare, moi c'est la mémoire, elle, cette douleur qu'on ressent dans ces yeux...

Peut-être qu'au final, certaines choses ne doivent pas être dites. Néanmoins, j'aimerai qu'elle réponde plus clairement au moins à cette question.

Elle me propose de monter chez elle... Et je dois dire que la proposition me tente, le froid commence à sérieusement me glacer, et je ne sens plus trop mes extrémités. Et pourtant, est-ce bien raisonnable? Suisu-je réllement sûr de qui elle est et de ce qu'elle est capable de faire?
Peut-être mes questions sont-elle trop gênant et va-t-elle essayer de me faire taire... Il n'est pas difficile de faire disparaître un corps rapidement à Depra, d'après ce que j'en sais, et même si je ne la crois pas assez forte pour me traîner sur des kilomètres rapidement, je ne doute pas que mon corps pourrait n'être retrouvé que dans plusieurs mois...

Je délire, qu'est-ce que je m'imagine? Tous les gens qui se coupent de leur passé ne sont pas forcément des tueurs...
Et puis de toute façon j'ai vraiment trop froid, je vais monter quelques minutes pour me réchauffer, et je repartirai, mais avec la réponse à ma question!

-Si je monte, aurais-je droit à une réponse claire à ma question? C'est tout ce que je demande, simplement une réponse à cette question...
Au point ou j'en suis, je crois que même un mensonge me conviendra...

Un petit sourire en coin, histoire de détendre un peu l'atmosphère...

On avance quelques instants dans le silence. La neige tombe plus fort encore, de gros flocons recouvrent bientôt chaque parcelle de rue, de voiture et de toit. La beauté de ce paysage concorde mal avec la ville qui se cache en dessous.
Peut-on en dire autant pour moi ? Suis-je devenue quelqu'un de peu recommandable se cachant sous un masque moins dur ?

Je soupire et inspire lentement. Le froid commence à me bruler la gorge et il me faut tousser pour la réchauffer.
Je regarde John à la dérobée, il vient d'accepter mon invitation, à condition que je réponde à sa question.

La tentation serait grande de lui mentir, mais quelque chose me dit qu'il est peut-être la seule personne qui ne me jugera pas, parce-que lui n'a plus de passé. Il lui sera peut-être plus facile d'accepter.
Et puis, il est toujours plus facile de manipuler un amnésique, si le besoin s'en faisait sentir. Même si cette perspective ne m'enchante guère sans que je sache vraiment pourquoi.

"- D'accord, je répondrai à votre question..."

Je le dis sans grande conviction même si je commence à accepter le fait que ça ne me sera peut-être pas aussi difficile que je le pense.

Je sens sa réticence et pourtant, j'ai la sensation que je vais pouvoir lui faire confiance.
J'approuve d'un signe de tête et lui sourit encore une fois. Alors que nous avançons dans ce décor immaculé, la neige s'engouffre dans le col de ma veste et me galce jusqu'au sang, j'ai les doigts complètement gelés, plus aucune parcelle de mon corps ne peut revendiquer le moindre degré...

J'accélère volontairement le pas vers la porte de l'immeuble. Et, une fois arrivée devant, laisse Sam m'ouvrir la voie...

En attendant qu'elle sorte ses clefs, chacun de mes respirations forme un souffle de vapeur de plus en plus diffus, ce qui n'est certainement pas bon signe. Je n'ai pas besoin de me regarder pour savoir que mes lèvres doivent avoir virées au violet, et que mes ongles doigts doivent être bleus. J'ai tellement froid que j'ai l'impression de brûler.

Plus que quelques secondes et je serais au chaud, enfin...

On se dirige d'un pas un peu plus rapide qu'avant jusqu'à la porte de mon immeuble. Je sors mes clés et ouvre sans plus tarder. Je jette un oeil à John, il frisonne de plus en plus et ses lèvres sont bleues. Ca me donne envie de les réchauffer. Je secoue légèrement la tête pour chasser cette pensée et ouvre la porte.

On est à l'intérieur et il fait tout de suite plus chaud. Je monte les escaliers, c'est un immeuble de seulement deux étages et j'habite au dernier. Grimper les marches nous réchauffera.

Au bout de deux minutes, je suis à ma porte, je l'ouvre avec une autre clé et je m'efface pour laisser passer John.

"- Bienvenue dans mon humble demeure. Laissez votre veste sur le porte manteau et passez au salon."

La cage d'escalier n'est pas vraiment chauffée, mais le fait qu'il n'y ait pas de vent la fait paraître presque surchauffée. Je me frotte les mains et monte les ecaliers à la suite de Samantha, un peu d'exercice me réchauffe un peu. Il vaut mieux d'ailleurs que je me réchauffe un peu nautrellement avant d'entrer chez elle, sinon je risque le choc thermique, et je crois que l'incident du Coconut Palm m'a l'argement suffit.

Arrivé en haut, elle me laisse entrer le premier. J'execute avec docilité ses ordres et pénètre dans le salon.

Je n'ose pas trop rendre mes aises, après tout, on ne se connaît pas plus que ça, je ne voudrais pas paraître trop familier...

J'attend qu'elle enlève également sa veste et me rejoigne au salon.
Je sors l'éternelle phrase qui permet de rebondir sur l'effort de sociabilité que constitue la première invitation d'une personne dans son chez soi.

-C'est joli chez vous...

C'est peut-être un peu exagéré, mais ce n'est pas non plus Bagdad... En même temps, je ne suis pas certain de savoir à quoi ressemble Bagdad...

Non, très sincèrement, elle est plutôt bien installée, et je dois dire que même si c'est assez spartiate, ça reste agréable...

Je sens qu'il est un peu timide dans mon appartement, mal à l'aise, j'en souris. J'enlève ma veste, me réchauffe les mains en me les frottant l'une contre l'autre puis passe par le salon pour arriver à la cuisine.

De là je l'entend complimenter mon appartement et même si je sais que ce n'est qu'une banalité, mon sourire s'aggrandit.

"- Merci, voulez-vous quelque chose à boire ?"

Je prend deux verres, dans l'un je verse du sirop de fraise, un fond de vodka et remplit avec de l'eau. voilà pour moi.
J'attend sa réponse tout en mettant quelques biscuits apéritifs dans une coupelle.

Je réfléchis à la réponse que je dois lui donner. Dois-je lui raconter les détails ? Je ne sais pas exactement ce qu'il voulait que je lui dise...

-Quelque chose de chaud si vous avez? J'avoue que je suis aussi congelé de l'extérieur que de l'intérieur...

Je suis toujours debout. Continuant d'observer l'appartement.

Je ne m'attendais pas trop à ce qu'elle me propose de monter chez elle, pour la troisième fois de la soirée, elle prend les devants... Il ne faudrait pas que cela devienne une habitude.

Elle semble prendre soin de son intérieur, je ne vois pas de bordel apparent. C'est bizarre, ce n'est pas vraiment le genre d'intérieur qu'on s'attendrait à voir pour un représentant en alcool...

"- Quelque chose de chaud dans quel sens du terme ?"

Je souris à ma boutade et entreprend de lui faire chauffer un expresso, je ne vais tout de même pas lui faire un chocolat !

Je reviens vers le salon, m'appuyant sur le chambranle. J'aime le fait qu'il n'y ait pas de porte entre la cuisine et le salon. Comme ça je peux directement observer mes hôtes.

Il semble s'attarder sur mon intérieur, essaie-t-il de deviner ce qui se cache derrière comme pour moi ?
*Tu deviens vraiment trop parano là, il n'est pas TOI.*

"- Asseyez-vous, le canapé n'a jamais mangé personne.. et moi non plus d'ailleurs."

Décidément j'aime beaucoup trop jouer avec les gens, les hommes en particulier. Certains ont ce quelque chose qui m'attire... des problèmes surtout mais... pas tout le temps.

Je ris à sa remarque, décidément, je vais finir par croire qu'elle ne m'a pas fait monter uniquement par curiosité... En fait je le crois déjà plus ou moins, mais cela finirai de me convaincre...

Elle apparaît dans l'encadrure de la porte de la cuisine, s'y appuyant. La lumière veant de derrière elle semble l'entourer tel un halo, ce qui lui donne une tenue presque biblique, bien que ses cheveux rouges contraste beaucoup avec toute forme religieuse...

Elle me dit de m'asseoir, qu'à cela ne tienne, je n'attendais que son accord...
Je m'effondre dans le canapée tout en essayant de garder un minimum de dignité, mais je dois avoue que mes jambes me font un mal de chien et que j'ai bien besoin de les reposer un peu.

Je me tourne vers elle, me redressant un peu pour ne pas avoir l'air d'être trop avachi.

-J'attends toujours cette réponse...

Je ne souris pas, mon visage reste neutre, je ne la presse pas. Peut-être n'est-ce pas le moment, mais je préfère lui faire comprendre que l'idée est bien ancrée dans mon esprit et que je ne risque pas de l'oublier...

Je vois un semblant de sourire se dessiner sur son visage, apparement ma remarque a eu l'effet escompté.

Il me rappelle qu'il n'a pas oublié la réponse que je dois lui donner. Je fais une moue faussement contrariée. Chacun sa part du marché, ma réponse contre un peu de chaleur et un bon café.

"- Vous êtes un tenace !"

Les gouttes du café s'écoulant lentement par le filtre me rappellent à son breuvage et me permettent de m'éclipser, échappant encore quelques instants à LA réponse.

Je verse le liquide brûlant dans une tasse, la prend dans une main et mon verre dans l'autre puis me dirige vers lui.

"- Tenez, buvez tant que c'est chaud."

Je pique une des chaises qui est rangé sous la petite table du salon puis m'assoit à califourchon sur elle, dos à la TV et juste en face de lui.

"- Ma réponse est une longue histoire..."

Je commence en soupirant, j'espère encore qu'il battra en retraite mais il a l'air déterminé.

J'accepte avec une reconnaissance non dissimulée la tasse de café bien chaud qu'elle me tend.

Le contact me donne l'impresion que le sang des mes doigts va finir par les faire exploser, mais je m'obstine, ça fait tellement de bien...
Cela fait tellement de bien...

Oui, je suis tenance, et je n'ai pas l'intention de lâcher l'affaire. Une histoire longue? Tant qu'elle ne me jette pas dehors, je suis prêt à l'écouter toute la nuit...

Une sorte d'excitation me parcoure désormais, ma curiosité est à son comble, l'imminence de cette réponse a cet effet étrange...

-Prenez tout le temps qu'il vous faudra, Sam...

Prononcer son nom, il fallait que je le fasse... Pourquoi? Je ne sais pas trop, peut-être pour lui prouver que quoi qu'elle puisse dire, elle restera Samantha Curtis, pour moi. Je n'ai pas vraiment le pouvoir, et encore moins le droit de juger qui que ce soit sur ces actions passées, je suis de loin le moins bien placé.
Le passé reste le passé, il n'est en rien une preuve du présent...

Je bois une première gorgée du café, le liquide parcourant tout mon oesophage comme s'il le décapait. Je lui montre que je suis prêt à écouter...

Il se réchauffe comme il me peut sur ma tasse et avec le café, ça me ferait presque rire si je n'étais pas sur le point de lui dévoiler une certaine partie de mon passé.

"- Comme vous le savez déjà je n'ai pas toujours vécu à Depra, je suis arrivée il y a plus de 3 ans."

Je bois une gorgée de mon verre, essayant de me donner du courage. Allez ce n'est pas si difficile pourtant... A qui je mens ? Biensûr que ça l'est, ça l'a toujours été.

"- Avant je faisais un autre boulot, plus... dangereux que représentant de commerce."

Sauf si on prend en compte le fait que tueuse à gages est tout aussi dangereux, sinon plus, que flic.

"- Ce métier m'a amené à fréquenter des personnes très peu recommandables et j'en ai payé le prix."

Je sens la colère qui monte en moi alors que je repense à Vargas, celui qui m'a fait tant de mal.

Je souffle doucement, évacuant les sentiments négatifs. J'ai appris à faire ça depuis un moment, pour me concentrer ou au contraire me détendre.

Je le regarde dans les yeux et me demande s'il veut que j'aille plus loin. Au point où j'en suis de toute façon...

J'avoue que je m'attendais un peu à une réponse de ce genre, le métier de vendeur d'alcool est certes tranquille, mais je doute qu'on en fasse une vocation.

Vu la difficulté avec laquelles les mots sortent, j'imagine que ça doit être particulièrement dur pour elle. Son regard se fixe dans le mien, alors qu'elle essaye de se contrôler de façon très discrète, encore quelque chose que j'arrive à remarquer...

Je ne baisse pas les yeux, bien au contraire, je soutiens son regard, et tente d'y mettre tout le courage dont je dispose afin de le lui transmettre. J'essaye par ce simple regard de lui faire comprendre que tout ce qu'elle pourra me dire ne me fera changer d'avis sur le fait que je la trouve charmante.

Je ne crois pas judicieux de parler, elle est lancée, l'interrompre serait une mauvaise idée et risquerait de la braquer. Je veux qu'elle puisse avoir confiance en moi, car je n'ai pas d'intention malhonnêtes...

Je pose la tasse sur la table, gradant toujours mon regard fixé dans le sien.

"Allez-y, Sam... Vous pouvez le faire..."

Je tente un mince sourire répondant à son encouragement. Ca me donne l'impression de tenter un exploit alors que je ne fais que de parler de moi. Bon d'accord c'est un exploit...

"- On peut dire que je suis un peu comme vous... à la recherche de mon passé..."

Je sais bien que cette métaphore obscure ne lui fera pas comprendre ce dont de quoi je parle et il faudra m'expliquer mais je prend juste mon temps.

"- Sauf que mon passé est bien vivant."

Maintenant, je retiens difficilement les larmes qui me sont montées aux yeux. Je me lève de ma chaise, toujours mon verre à la main, et lui tourne le dos.

"- J'ai une fille..."

J'essuie du revers de la main la larme transparente qui vient de rouler sur ma joue et continue... pour terminer.

"- On me l'a enlevée... et je fais tout pour la retrouver !"

Je suis toujours dos à lui, je respire lentement et pronfondément pour reprendre le contrôle de mes émotions et je m'en veux déjà de lui avoir dit tout ça.

J'ai le temps de voir les larmes dans ses yeux avant qu'elle ne se lève pour me tourner le dos.

Une fille... Je comprend désormais pourquoi il était tellement difficile pour elle d'en parler...
Ce n'est plus une simple femme que j'ai en face de moi, mais une mère, blessée, arrachée à son enfant...

Je suis profondément touché par ses larmes que je devine, je ne suis plus vraiment habitué aux geste d'affection, et je ne suis pas sûr de la façon dont elle va réagir, mais je me sens dans l'obligation de faire quelque chose.

Je pose ma tasse et me lève, je m'approche d'elle et dans un geste que je ne suis pas certain de contrôler complètement, je lui enserre l'épaule de mon bras.

Je la regarde, presque honteux de lui avoir fait endurer des souvenirs qu'elle tentait de garder enfouis.

-Vous n'êtes pas seule, Sam... Vous ne l'êtes plus...

Mon calme reviens doucement même si je me sens encore relativement secouée. J'entends qu'il bouge derrière moi, il pose sa main sur mon épaule et je me retourne presque instantanément comme foudroyée. Il est vrai qu'un frisson m'a parcouru quand il m'a touché.

Il me parle doucement, je sens sa compassion et lis la tristesse dans ses yeux. J'aimerais croire à ses paroles qui semblent sincères, d'ailleurs pourquoi ne le seraient-elles pas ? Mais depuis j'ai appris à ne faire confiance à personne.

Il m'a quand même touché alors je me dois de faire un geste.

"- Merci John."

Je lui fais un sourire, il est plus appuyé cette fois-ci moins triste.
Je vois qu'il me regarde toujours, moi aussi d'ailleurs, on est les yeux dans les yeux, on se croirait dans un film à l'eau de rose.

Je ne suis pas vraiment sûr de ce que je suis censé faire maintenant...
Je suis tiraillé entre l'envie irréprésible de l'embrasser, et celle de me tirer, vite, très vite, avant de faire une bêtise que je reisquerait de regretter...

Mais je dois dire qu'elle me plaît, bon sang, ce qu'elle me plaît!

J'ai comme l'impression qu'elle n'est pas vraiment habitué au contact...
J'ai beau essayer de me convaincre du contraire, j'ai peur... Oui, j'ai vraiment peur de ce que je vais faire. Tout ça peut mal finir, est-ce que je suis réellement prêt à faire ce pas?
Ca ne fais qu'une semaine que je suis réveillé, et déjà je me retrouve à draguer quelqu'un...

Bon sang... Quel dilemme...

Il va bien falloir que je me décide...
Oh, et puis merde!

J'approche mes lèvres des siennes, essayant de paraître le plus naturel possible, ce qui me permettrait en cas de refus, de tenter une feinte, ça ne serait pas glorieux, mais ça me permettrait de le rattraper un minimum...
Je ne vais pas jusqu'au bout, lui laissant le choix que je n'ai pas envie de prendre...

Je le regarde toujours dans les yeux. C'est fou ce qu'il peut être mignon comme ça, à essayer de me consoler.
A cette pensée j'ai envie de me donner une bonne claque, mais où est-ce que je mets les pieds encore...
Et cette façon qu'il a d'être gêné, hum.
*Sam ! Recule, allez un pas en arrière et...*
Mon esprit me dit une chose mais mon corps refuse d'obéir.

Je le regarde encore et toujours, je sens qu'il réfléchit, il doit être tiraillé par la même question que moi, on a l'air de deux adolescents en chaleur.

Mais je rêve ou il s'approche encore plus de moi. Non je rêve pas.

*Ouh-ouh Sam, tu tues des gens à longueur de journée et tu as peur d'un baiser.*
Non mais voilà que même mon esprit devient sarcastique... n'empêche il n'a pas tort.

Finies les tergiversations, je clos l'espace entre nos deux bouches et attend la sentence.

Le contact de ses lèvres me fait légèrement tressaillir. Je ne peux me résoudre à y mettre fin, et je ne suis même pas sûr de le vouloir...

Ses lèvres sont chaudes, légèrement parfumées, et surtout, elles sont douces. La différence de température doit être notable entre nos lèvres, les miennes reprenant à peine de leurs couleurs, les siennes que je sent presque palpiter...

J'avais oublier à quel point embrasser pouvait être agréable, je ne suis pas sûr de m'y prendre comme il faut, même si ce n'est pas moi qui dirige en ce moment, mais mes lèvres... Une habitude d'avant visiblement...

Mes mains viennent d'elles-même se poser sur ses hanches. mentalement je regrette chaque mouvement, craignant qu'elle se retire à tout moment gênée par mon audace...

je continue de l'embrasser... Et je lui laisserai le privilège de mettre fin au baiser...

Mes lèvres sont brûlantes, les siennes sont froides mais je les réchauffe bien vite. Je ferme les yeux appréciant ce contact. Ca fait combien de temps déjà que je n'ai pas eu quelqu'un ? Un mois, peut-être deux.

Ce contact me fait du bien, il me réchauffe et pas seulement physiquement parlant. Ca me donne envie de continuer, de surtout pas m'arrêter.

Je sens ses mains sur mes hanches alors que l'une des miennes vient se poser sur son torse. Je sourirais presque si je n'étais pas occupée à autre chose. Je sens ses muscles sous mes doigts, il est bien entraîné pour un simple citoyen.

Avant que mon esprit ne se relance dans des hypotèses hasardeuses je recommence à jouer avec lui, avec ses nerfs. En effet je viens à peine d'entr'ouvrir ma bouche, ma langue pénétrant légèrement ses défenses.

A peine ai-je commencé à le titiller que je romps le baiser. J'aime jouer, il le saura bien assez tôt.

J'affiche un sourire satisfait et mes yeux pétillent. Je ne dis rien, évitant de rompre ce silence plein de tension.