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Sean N. Jefferson
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Sean N. Jefferson


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Citation favorite: : Il paraît qu'il y a une fête quelque part?
Date d'inscription : 23/12/2007

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MessageSujet: 645 Downing Street   645 Downing Street Icon_minitime1Lun 7 Jan - 10:32

J'en ai marre de marcher. Je suis passé chez moi en coup de vent, le temps de changer de fringue et d'enfiler un ample sweat shirt à capuchon, noir, arborant sur la poitrine la figure riante de Bob Marley. J'avais enfoui mes dreads sous ma capuche, mon visage dans l'ombre, et les mains dans les poches de mon cuir, je me hâtais vers l'appartement de ma mère; je ne connaissais que l'adresse, ne l'ayant jamais visitée. Elle avait dû déménager en catastrophe après la mort d'Aston, des types s'étant mis à surveiller le secteur. Moi, j'avais pris le large.

Ah, 645. Pas trop tôt, parce que vraiment, la scène qui m'attend...je la sens pénible. Avec le ventre creux, des heures de sommeil trop lointaine et les nerfs tendus, j'ai hâte d'en finir.

Après un regard autour de moi pour vérifier que la rue est déserte, qu'il n'y a qu'une vieille noire avec son cabas pour les courses, je sonnai à son numéro, l'appartement douze, piétinant anxieusement. Malgré mes vingt six ans, je me sens toujours comme un gamin devant elle. Enfin, avec du retard; avant que mon petit frère ne meure, j'étais plutôt du genre à avoir un problème avec l'autorité...

Merde, c'est dingue comme l'idée de revoir ma mère me fait penser à mon frère. Je ne veux surtout pas qu'elle finisse comme lui, tuée par erreur ou pire, par vengeance.

Une voix intelligible d'interférences me salue dans l'intercom; je reconnais le son rapide, décidé de ma mère; visiblement, je dois la déranger dans ses feuilletons du midi.

Maman, c'est Noah. Tu m'ouvres?

Un temps d'arrêt; je l'imagine figée devant l'intercom, probablement avec encore sa télécommande à la main. Un petit bruit sourd, peut-être dû aux interférence, m'indique peut-être qu'elle vient de l'échapper.

Dans un grincement métallique et un son incongru, la porte s'ouvrit toute grande et je m'élançai dans l'escalier. Quand j'arrivai au palier, je trouvai ma mère dehors, la porte grande ouverte, la télévision jouant encore. Elle eut l'air si stupéfaite que je me sentis affreusement coupable.

Le pire, c'était qu'elle ne semblait pas contente de me voir. Elle était plutôt effrayée.

Noah? Mais que se passe-t-il pour que tu débarques comme ça?! Tu as les flics au cul?


Euh...plus maintenant. On peut entrer? Je ne veux pas parler de ça dans le couloir...

Elle me laissa la précéder et referma la porte, enclanchant machinalement le verrou. Mal à l'aise, je n'osais regarder le trois pièce meublé qu'elle avait loué; des meubles fades, une petite télévision à antenne, un antique frigo. Elle avait bien fait des efforts de décoration, mais rien ne parvenait à masquer la triste neutralité du mobilier, la médiocre qualité des matériaux.

Alors? Qu'as-tu fait?

Maman, c'est pas vrai, commence pas à gueuler!

Désolée, mais depuis des années, c'est à peine si j'ai de tes nouvelles une fois par an, et d'un coup tu débarques ici avec une mine terrible. Alors, je te le redemande, qu'as-tu fait?


Je...c'est une trop longue histoire. Disons que...des gens savent peut-être que tu habites ici. J'aimerais que tu ailles passer une ou deux semaine chez Tatie Melena, à San Diego...j'ai un peu d'argent pour le billet. Le temps de vérifier si personne ne surveille les environs, pas plus.

Je me sentis coupable comme un chien quand le regard de ma mère tomba sur moi, comme une tonne de plomb en fusion. Ses longues nattes, semblables aux miennes, cascadaient sur son impressionnante poitrine vêtue de vêtements colorés. Dans la pièce irrémédiablement blanche, elle formait comme un volcan de couleur.

Elle s'assit lourdement dans un fauteuil et s'alluma rapidement une cigarette. À voir les plis froissant son visage, l'angle orageux de ses sourcils et la violence avec laquelle elle aspirait son nuage de nicotine...enfin, vous comprenez, elle semblait bien énervée.

C'est bon, dit-elle d'un ton sec avant d'aspirer avec détermination, me laissant bouche bée. Je n'aurais jamais cru que c'était si facile...mais, la voix rauque, elle ajouta: mais je ne reviendrai pas après deux semaines. Je déménage à San Diego, chez Melena jusqu'à ce que je trouve quelque chose.

Mais...ce n'est pas necessaire, si ça se trouve, il n'y aura pas plus de fuite que...enfin, non, si tu préfères rester, je vais le faire aussi, t'auras pas à te faire de souci.


Non. J'ai déjà sacrifié un fils à cette ville, rétorqua-t-elle, me faisant taire. Je ne veux pas te perdre non plus, mais...Noah, je ne peux plus rester, je suis sur les dents, j'épluche la rubrique nécrologique à chaque jour en espérant ne pas te voir, je redoute l'anniversaire où tu ne m'appeleras pas. J'en ai assez.

Je piquai du nez, ne pouvant me débattre devant sa détermination, et le chagrin visible chargeant son regard brun.

Elle ne m'adressa pas le moindre reproche, se contentant de me fixer de ses beaux yeux en amande, semblables a ceux d'Aston. Je farfouillai dans mes poches et en tirai une petite liasse de billets; mon geste alourdit le malaise.

Des reproches, je m'en faisais. Si je n'avais pas choisi cette vie, Aston ne m'aurait jamais suivi, ma mère n'aurait pas à passer sa vie planquée, dans des appartements sans âmes qu'elle devait pouvoir quitter à toute heure du jour ou de la nuit.

Je ne te donnerai pas mon nouveau numéro.

La gorge sèche, j'acquiesçai avant de lever le bras, dans un mouvement inutile, et de le laisser retomber en balançant sur mon flanc. Ma mère me fit signe d'approcher et, se soulevant en s'accrochant à mes épaules, elle me colla une solide bise sur la joue.

Prend soin de toi.


Ne crains rien pour moi, crains plutôt pour toi. Je suis désolée, Noah...tellement désolée.


À son ton, je compris qu'elle était désolée de bien plus que de son départ; désolée que ses deux fils aient mal tourné malgré ses efforts, désolée que l'un d'eux l'aie payé de sa vie, que l'autre ne fasse que s'enfoncer dans une spirale infernale.

Je serre les paupières et donne deux brèves tapes affectueuses dans le dos de ma mère avant de m'éclipser en vitesse, avant de me mettre à chialer comme un gosse, martelant les marches de tout mon poids, comme pour noyer mon ressentiment dans le tintamarre.

La tête enfoncée dans les épaules, le regard résolument fixé au sol, je m'éloignai le plus vite possible. Je ne voulais pas la voir pleurer, voir ses grands yeux bruns déborder à cause de moi. Je suis égoïste, voilà, je sais bien que mon départ n'efface pas tout, que son chagrin ne finit pas avec mon regard, mais je ne peux pas en supporter plus.

Je m'éclaircis la gorge, que j'ai nouée. J'ai envie d'une bière, puis de douze, puis d'autant que possible. J'ai envie de boire jusqu'à danser comme un fou, jusqu'à draguer toutes les filles du bar, jusqu'à rire à ne plus savoir pourquoi, j'ai envie de ne plus être en état de me souvenir que ma mère se casse, qu'elle n'avait pas envie de me voir et qu'elle va s'arranger pour qu'on ne se voie plus jamais. Même à vingt-six ans, apparement, l'abandon d'une mère avec qui on a pourtant les liens les plus restreints du monde depuis quelques années déchire quelque chose dans les tripes.

J'ai envie de boire et de jouer des coudes, peut-être même de péter un nez ce soir.

J'ai envie de me souvenir pourquoi j'ai choisi cette putain de vie. Parce que maintenant, je ne m'en souviens plus.
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Maître du jeu

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MessageSujet: Re: 645 Downing Street   645 Downing Street Icon_minitime1Mar 22 Jan - 22:10

Sean venait de sortir quand un homme de grande taille, habillé d'un jean et d'un T-shirt kaki, poussa à son tour la porte de l'immeuble. Celui-ci fit quelques pas sur le trottoir, lentement, en observant le jeune homme qui s'éloignait, tête baissée. L'homme eut comme une hésitation... Ses yeux, derrière ses lunettes de soleil ne cessaient de fixer le dos de Sean, ses doigts s'agitant dans le vide... Ça serait tellement facile de loger une balle dans sa colonne vertébrale, voire même deux, s'il tirait bien ! Mais il renonça : il n'avait pas été payé pour ça. Sa mission était bien pire que de tuer le Black. Il se retourna, plongea la main à l'intérieur de sa poche et en tira un morceau de papier, qu'il punaisa sur le mur, près de l'interphone.

"Demande-toi à qui est la faute.
Cours, et planque-toi.
L."


Un sourire carnassier fendit son visage. L'homme traversa rapidement la chaussée et entra dans un bar avant de se mêler aux quelques clients qui conversaient, accoudés au comptoir. Sean allait tourner au coin de la rue, lorsqu'il fut poussé par un souffle puissant, accompagné par une immense déflagration qui attaqua ses tympans. A travers la vitre du bar, qui avait éclaté, les clients avaient été témoins de l'explosion d'une partie du deuxième étage de l'immeuble en face, où se trouvaient les appartements 7 à 14...
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