Depracity
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilPortailRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
-39%
Le deal à ne pas rater :
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON AVR-X2800H, Enceinte ...
1190 € 1950 €
Voir le deal

 

 33 Compton Street

Aller en bas 
AuteurMessage
Laura Vital
Barmaid - Cambrioleuse
Laura Vital


Nombre de messages : 10
Date d'inscription : 14/04/2008

Détails techniques
Renommée dans le milieu:: Faible - vous êtes peu reconnu parmi vos pairs
Indice de recherche: Aucun

33 Compton Street Empty
MessageSujet: 33 Compton Street   33 Compton Street Icon_minitime1Lun 14 Avr - 22:31

1er Post


14h00 Mon réveil sonne, me tire de mon sommeil, la musique s’engouffre dans ma tête. D’un geste las, j’arrête la sonnerie stridente, laissant le son seul prendre le soin de finir de m’éveiller, la tête enfouit sous la chaleur de la couette. Un choc léger sur mes pieds, puis le poids d’un corps chaud que je reconnais. Le chat, un jeune matou noir efflanqué que j’ai accueillit à mon arrivée dans ce meublé, vint de bondir sur le matelas que j’occupe. Je me redresse sur mon coussin, frotte mes cheveux ébouriffés, le regarde. Il cligne de ses yeux verts, comme si il communiquait avec moi. Je le gratifie d’une caresse et lui cède la place.

Un grand pull en guise de chemise de nuit, un bol de café instantané fumant entre mes mains, je m’assois sur le rebord de la fenêtre guillotine entrouverte et regarde la rue au-dehors. Mon esprit s’évade de ce studio miteux, perché au dernier étage de ce vieil immeuble qui en compte huit. Je me promets de m’offrir mieux prochainement…mieux que ce café immonde que je me sers à chaque réveil. Le goût amer est infâme, mais bon, j’ai appris à me contenter de peut. J’ai dépensée le peu d’argent qu’il me restait en fringue pour mon nouvel emploi au Tangiers, je ne peux pas me permettre d’apparaître en guenille. Certes, ce n’est pas de la haute couture comme il m’est arrivé de porter sur la Croisette, mais j’espère que le temps des vaches maigres n’est que passager.

Je jette le fond de mon bol dans l’évier…et rentre pour prendre une rapide douche dans la cabine plastifiée qui me sert de salle d’eau. Une forte odeur de moisissure me saisit comme à chaque fois, mais on s’y habitue. Enfin, faut pas trop s’y habituer justement. Tandis que le filet d’eau à peine tiède coule sur mon visage, je repense à mon plan pour ma visite de ce soir. Un petit couple que j’ai filé la veille jusqu’à leur appart sur Rose Boulevard. Le genre de couple que je ne peux pas saquer. Une sortie s’impose pour me sortir de cette passe de faiblesse financière.

J’enfile rapidement un vieux sweat et un bas de jogging, les couleurs sont passées, mais ce sont mes vieux compagnons de route. Comme après chaque réveil, je me dois d’aller faire quelques salutations au soleil…alors qu’il se trouve à ma verticale, quelle ironie. C’est sur le toit que cela se passe. Je m’étire face à l’océan d’antennes et de paraboles grises, mon esprit se permet de s’envoler dans ces rares instants là…sous le regard attentif de Chat. Je reste quelques instants la jambe droite sur le genou gauche, debout, les yeux fermés et les mains jointes. Je me sens sereine, calme et détendue.

Mais il faut déjà m’activer…alors je redescend par l’échelle de service et repasse par la fenêtre entrouverte. Me fait chauffer de l’eau le temps de m’habillée. J’opte pour le pantalon noir et le chemisier blanc…somme toute classique et passe partout. Pas besoin de me faire remarquer, suis pas là pour ça. Suis qu’une Barmaid…dans l’unique casino de la ville…détenue par la mafia.

Mon thé enfilé, je passe mon blouson en cuir avant de claquer la porte, mon sac à dos jeté à l’épaule. On sait jamais, une opportunité. Suis tellement fauché que je n’ai pas de quoi m’offrir une caisse, encore moins un petit bolide qui me propulserait à plus de 200 en un tour de poignée. Je regarde mon reflet dans la glace brisée de mon ascenseur. Souffle une mèche qui me revient dans les yeux…me sourit. Peut-être le seul de la journée. Je fais pas mon âge pareil-t-il…encore une phrase qui ne veut rien dire…pourvus que cela me serve, c’est tout ce qui m’importe…suis devenue solitaire finalement. Pense à ça comme une fatalité…tandis que l’ascenseur s’arrête brutalement. Je crois être arrivée au sol…mais la grille reste desesperement fermer. Je suis bloqué entre deux étages. Je souffle, les bras m’en tombent. La journée commence mal…d’abord le café, puis l’ascenseur, maintenant.

J’ajuste les lanières de mon sac à dos, puis me mets à fixer le plafond. La trappe plus exactement. Plaquant mes paumes à la paroi de l’ascenseur, j’exerce une pression et hisse mon bassin par-dessus mes épaules, puis, d’une brusque détente des jambes, fait sauter la plaque de bois. Je change de position, plaquant à leurs tours, mes pieds contre la cloison, je fais passer ma tête, mes épaules puis mon buste par l’ouverture. Mon bassin et mes jambes suivent le mouvement pour me retrouver parmi les câbles de l’appareil. La porte de l’étage supérieur se trouve à 50 centimètres de mon visage. Je glisse mes doigts entre les doubles portes et commencent à les écarter. Pourvus que personne ne l’appel. L’espace est maintenant suffisant pour que je m’y glisse…et je peux lire la plaque du 4ème en face de moi.

Je termine la descente des étages par l’escalier…avec toutes ces conneries, je vais finir par louper mon bus…le vois qui arrive par la fenêtre du second. Ma main se fait rotule et me passe pardessus la rampe, je me laisse aller dans le vide. Mes jambes prennent appuis alternativement entre les rebords bétonnés de la cage d’escalier, pour me ralentir et j’atterris par une roulade pour amortir la chute. Mais je me retrouve sur pieds dans le même mouvement et mes jambes me portent jusqu’à l’arrêt de bus…à l’instant où les portes se referment.

Appuyer contre la vitre, je me retrouve coincée entre les dessous de bras d’un ouvrier qui rentre de sa journée de taf et deux jeunes loulous qui cherchent des crosses à un jeune black. Je détourne le regard et préfère me perdre dans le reflet de la vitre. Inutile que je me face remarquer…mon joli minois les attire comme des mouches…ce sont des mouches. Je remarque tout de même les doigts agiles du black dans la poche d’un des loulous. Je souris intérieurement, à l’idée du petit coup qu’il leur fait. On finit par descendre au même arrêt. Je jette un regard à sa poche, lui sourit…il comprend et me sourit en retour…puis s’en va. Je lève les yeux devant moi. L’enseigne du casino Tangiers est éclairée au dessus de moi. Il est temps que je rentre en scène…

Au Tangiers …
Revenir en haut Aller en bas
 
33 Compton Street
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» 11 Kent Street
» 192 Sanders Street
» Amstrong Street, number 9
» 26 Abibop Street.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Depracity :: † Depra City † :: Quartiers sensibles-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser